Quiegolani

  

Genèse d’un départ  

 Le 8 Novembre 1988, sœur Gisèle, Supérieure Générale, annonçait à la Congrégation :   » J’ai à vous communiquer une nouvelle, un appel à étudier : une fondation en Amérique latine, au Mexique. »  

Comment cela s’est-il passé ? Une rencontre entre une sœur de St Gildas et une sœur de St Jacut les Pins ; une participation aux frais d’études d’un prêtre mexicain, un appel de l’évêque de Tehuantepec à la Congrégation pour cette population indienne des montagnes, à la frontière du Guatemala ; la soumission de cet appel au Comité Episcopal France-Amérique latine. Le Père Marion, Secrétaire Général de ce comité encourage : « C’est un appel à retenir. Il faut aller voir »

Envoi de Soeur Gisèle, Supérieure générale « Marie-Thérèse, Marguerite, Annick, Marie-Jo, il est venu le temps de vous envoyer. Pour signifier votre réponse, vous allez recevoir la lumière que le Père Marcus va vous donner. » « Sûres que la Providence ne nous manque jamais ; sûres aussi de l’affection et de l’amitié de vos familles, de vos amis ; avec la force de cette célébration d’envoi ; au nom de toutes les soeurs de Saint-Gildas, je vous envoie en communauté à Santa Maria Quiégolani, pour être, au milieu des villages qui vous attendent et avec eux, des témoins humbles et joyeux de l’Amour de Dieu ».

Le 17 Mars 1990, Monseigneur MARCUS, évêque de Nantes, préside la cérémonie d’envoi des soeurs de Saint Gildas au Mexique.

Amis,
allez de par le monde,
annoncer l’amour.

"la Congrégation ne pouvait pas me donner plus belle fête à présider, car nous sommes là dans la profonde vérité d'une Église qui se veut missionnaire." Mgr Marcus

 

Id amigos
por el mundo
annunciando el amor.

la maison en construction

 

arrivées à Quiegolani

 

une femme du village

 

Tehuantepec

le marché

 

une séance de catéchisme

 

L'alimentation de base : maïs, frijol, chile, café.

 

Le second lieu d’implantation est très différent du premier. C’est la banlieue de Tehauntepec qui a été choisie et la paroisse de Notre Dame de Guadalupe fondée vers 1987. Marie-Jo, Annick et Nicole forment la première communauté.  

Un des problèmes les plus aigus est le manque de travail justement rémunéré, d’où alcoolisme, prostitution, drogue.  

La majeure partie de la population se déclare catholique, mais les sectes protestantes pénètrent dans les villages où la religiosité populaire facilite leur implantation.  

Que peuvent faire les soeurs?  

D’abord prendre en compte la vie des gens et les directives du diocèse : promotion du laïcat, option préférentielle pour les pauvres, accompagnement des événements paroissiaux.  

Concrètement, elles participent à la catéchèse, à des communautés de base, à la pastorale des jeunes. Elles aident à former un groupe « d’apostoles » qui par leur travail et l’éducation de la foi, deviendraient témoins de la présence de Dieu.  

Iztapalapa

 

vue sur Iztapalapa

 

la fête des enfants

 

un quartier de la ville

 

Dès le début, à Quiégolani, les soeurs ont vécu au milieu des gens, en pleine village de montagne, puis à Tehuantepec en plaine, et enfin à Iztapalapa au cœur de quartiers difficiles. L’Eglise d’Amérique latine a appelé des européens pour un travail pastoral. Elles sont en prise directe avec les dures réalités de vie des populations indiennes ou métissées : un mode de présence qui, au départ, a beaucoup étonné, y compris les évêques, plus habitués à voir les religieuses dans les institutions scolaires ou les dispensaires.  

Les soeurs essaient de travailler dans l’optique d’une évangélisation de base. De l’écoute des besoins des gens peuvent naître des projets. Dans cette réflexion, les soeurs se considèrent plus comme accompagnatrices, encourageant, soutenant la persévérance, cherchant à responsabiliser les personnes. Parfois, elles peuvent aussi promouvoir des initiatives.*  

Quitter Quiegolani

Quitter des lieux, des personnes après 18 années de présence de la Congrégation, c’est comme quitter une terre aimée, cultivée. Cela ne se fait pas sans regrets, sans souffrances.  

La maison demeure au service du village et sera habitée par des enfants et jeunes handicapés venant des alentours. Ce projet est soutenu par le Lycée des Pères Maristes.  

Quitter, c’est aussi partir avec l’au revoir du village qui fut très émouvant dans une messe d’action de grâces et un « conviviencia ». C’est garder au plus profond de soi comme un trésor, les mercis.  

L’atelier de broderie garde sa place avec Anastasia qui, courageusement en prend la coordination, soutenue par quelques femmes.
La médecine naturelle par les plantes reste dans son lieu habituel. Deux jeunes et une femme ont commencé à prendre le relais, soutenu par un organisme diocésain de santé. 

« Aujourd’hui, c’est un jour triste, pour moi et les personnes qui ont eu la chance de sentir la présence de Dieu Incarné dans celles que nous appelons ‘madrecitas’. Elles sont de ces êtres capables de donner tout en échange de rien. »
Paula.
« Merci à celles qui s’en vont. Leur présence a changé notre vie. Elles nous ont appris à échanger avec d’autres, à donner valeur à ce que nous faisons, selon ce qu’elles nous ont enseigné. Maintenant, nous avons à partager l’esprit de leur congrégation à d’autres villages. Là où elles vont aller, qu’eux aussi puissent recevoir leur témoignage évangélique. »
l’école communautaire des maristes.  

Quitter Tehuantepec

Venant de France, nous nous sentons toujours étrangères sur une autre terre. Après 15 années d’action de grâces, les gens nous ont revêtues de leur costume traditionnel pour signifier que nous étions bien des leurs.  

Les adieux furent émouvants et pleins de foi :  » Nous avons de la peine de vous voir partir, mais vous allez en aider d’autres qui en ont besoin! Nous allons nous soutenir, pour que ce que vous avez semé continue »  

Demeurer à Iztapalapa

« Je pense mettre en place, avec quelques personnes intéressées, des ateliers de préparation de pommades, sirops […] pour répondre aux souhaits culturels des gens, d’autant qu’ils n’ont pas les moyens économiques pour un accès aux remèdes trop onéreux pour eux » sœur Jeannette  

« Je vis à Iztapalapa dans une banlieue marginale de Mexico. La communauté avait repéré des familles dont l’un des leurs avait un handicap et qui le laissait ‘enfermé’ dans sa maison. Les maisons spécialisées sont peu nombreuses et inaccessibles. Après avoir visité ces familles, avec un groupe de personnes, nous proposons une rencontre mensuelle. Nous nous retrouvons de 20 à 25. Nous partageons les nouvelles vécues et, avec de la musique, des chants, des danses, des jeux, nousd vivons des moments très gais. Un temps de partage de la Parole de Dieu permet une réflexion et nous terminons par une ‘conviviencia’ pour le plaisir du palais« . sœur Marie-Jo  

« A la Conférences des évêques de France pour l’Amérique latine (CEFAL) où je représente la réalité mexicaine, je rencontre des prêtres, religieuses et laïcs compromis dans la mission en des pays marqués par la pauvreté et la violence. Il est des réalisations qui ne font pas la une des journaux mais qui sont des merveilles de courage, de foi, d’humanité« . sœur Annick  

« La mission continue pour moi dans plusieurs activités, […] entre autres, la participation à CADI, l’association « un toit digne pour tous ». 40 familles se sont inscrites. Le président de l’association, qui a acheté 260 tôles, a expliqué le déroulement des opérations. A ce jour, 7 familles ont reçu leur matériel, 12 terminent leur paiement. Certains n’ont pas réussi à économiser malgré leur désir, il faudra prolonger le projet de quelques mois. Dans cette action, l’écoute est très importante pour ne pas rejeter et garder patience. Ce sont surtout les femmes qui se sont mobilisées et qui économisent chaque semaine. Elles veulent un plus pour elles et pour leurs enfants. » sœur Cécile.  

Arriver à Orizabita

Nous passons du sud du pays à cette région centre du Mexique dans l’état d’Hidalgo. Cet état compte 2 345 514 habitants et se compose de trois régions différentes. Au Nord, une plaine, la Huasteca; au centre la sierra, région montagneuse; au sud, l’altiplano, région d’agriculture, d’élevage, de tourisme.
La partie où nous vivons, c’est la sierra, où les villages comme l’habitat sont dispersés. Le panorama est magnifique sous le soleil. La pauvreté de cette zone sèche a entraîné un grand flux migratoire vers les Etats-Unis, jusqu’à 80% dans certains villages.
Arrivées le 19 Octobre, nous travaillons dans le diocèse de Tula. La paroisse compte 2 prêtres pour 34 villages. Dans les priorités pastorales, une attention particulière est donnée aux migrants. 

avril 2008 - Dans la paroisse on se prépare à l'arrivée des soeurs

 

Sœurs Yvonne, Jacqueline, Marie-Thérèse, Louisette, Nicole. le jour de l'arrivée, au verre de l'amitié

 

les soeurs sont accueillies dans leur maison

 

Actuellement, nous sommes déracinées. Il nous faut trouver d’autres marques, faire connaissance avec les coutumes d’ici. Le courage et la foi de cette population nous donnent joie et sérénité. 

le jour du pélerinage

 

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